Je reconnais volontiers ma radicalisation idéologique dans le sens le plus noble du terme: la volonté tenace d'aller aux racines ou -comme le dit si bien le podcast 'floraisons' : "À une époque où les fruits de la science menacent de mettre fin à toute vie humaine, où le capitalisme moribond semble capable de tout emporter avec lui, cherchons les origines ultimes de ce cauchemar.". Cherchons les origines ultimes et résistons constructivement. Pour détailler un peu plus où j'en suis, je te soumets ce nouvel article. J'y reprends mes réponses au formulaire d'adhésion de 'Deep Green Resistance' France. Les commentaires et critiques constructives sont les bienvenues. Volontaire et déter, camarades, sauvons la Terre! Bonne lecture. On est ensemble. Les humains sont-ils supérieurs aux animaux et/ou aux végétaux ? D'après vous pour quelles raisons ? __________ Cette question est précise bien que biaisée et malheurement nécessaire. Malheureusement nécessaire parce que j'ai le sentiment que pour beaucoup d'humains la question est absurde tant la réponse pourrait sembler évidente au sein d'une culture d'exploitation et de domination. Et c'est justement ce biais que je décèle dans la question: la question de domination, de pouvoir "sur"; dans ce cas de la "supériorité" de l'humain sur les animaux et les végétaux. D'après moi, la notion de supériorité est relative. Pour certains critères choisis nous pourrions répondre que oui, telle espèce est supérieure à telle autre espèce: les humains grimpent mieux aux arbres que beaucoup de poissons... pour d'autres critères nous pourrions répondre que non: jusqu'à preuve du contraire, un individu humain de 3200 ans se portent relativement moins bien que les sequoias President et General Sherman que j'ai eu la chance de rencontrer. D'autres cultures humaines considèreraient très probablement la question absurde tant la réponse pourrait sembler évidente au sein d'une culture de de régénération et d'entraide. Alors, plutôt que de répondre de manière relative et pour sortir du carcan de pensée dominant de hiérarchisation et de pouvoir "sur", je vais préférer une réponse absolue et là, mon intime conviction est que nous sommes un. Aussi, l'humain n'est ni inférieur ni supérieur aux animaux ou aux végétaux, n'est ni inférieur ni supérieur aux protozoaires, aux bactéries ou aux champignons. Devrions-nous élargir au monde minéral? quoiqu'il en soit, nous sommes tous partie du même tout, du même système complexe qu'est la Terre; la hiérarchisation et la domination ne me semblent pas être les outils conceptuels les plus pertinents pour qualifier notre relation au Vivant. Nous sommes un. Je serais ravi de développer plus ce point, tant les arguments me semblent nombreux depuis la science jusqu'à la conscience et inversement. -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Quelles réflexions vous inspirent les mouvements anti-civilisation ? __________ Réflexion est le bon mot. D'une part, les mouvements anti-civilisation m'offrent une réflexion, un reflet, de notre civilisation au travers du prisme d'une critique radicale - dans le sens le plus noble du terme - de notre relation au monde, aux autres, à soi. D'autre part, les mouvements anti-civilisation m'offrent l'opportunité d'un retour sur moi et me permettent de déconstruire et désapprendre certains acquis qui me semblent mortifères et alors choisir d'être libre, libre d'établir raisonnablement et harmonieusement mon socle éthique; libre d'être et d'agir en cohérence par rapport à moi, aux autres, au monde. Ce processus de réflexion est un enseignement en soi. J'ai d'abord eu peur des mouvements anti-civilisation tant ils remettaient en cause mon confort artificiel, j'ai ensuite suivi les différentes étapes de (r)éveil en prenant conscience d'un problème fondamental, de nombreux problèmes, des interconnexions entre ces problèmes et enfin de l'aspect intégral de notre relation au monde. Les mouvements anti-civilisation m'offre de nombreuses pistes de réflexion sur les origines ultimes de ce cauchemar et des pistes de réflexion sur les stratégies relatives de résistance. -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Savez-vous en quoi consiste le féminisme radical critique de l'identité de genre ? Etes-vous d'accord avec les principes du féminisme radical ? __________ Le féminisme radicale critique les origines ultime du cauchemar systémique qu'est le pariarcat. Le patriarcat est fondé sur un mythe social essentiel de division, de domination et d'exploitation, d'une classe dominante (les hommes) sur une classe dominée (les femmes). Je suis d'accord avec les principes féministes radicaux et la nécessité de démanteler toutes les formes de domination, notamment la formation sociale du genre qui hiérachise la société entre homme et femme. -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Quel est votre point de vue sur l’agriculture en relation avec un mode de vie soutenable ? __________ Vaste sujet. L'agriculture est destructrice sur tant d'aspect (biodiversité, culturel, social, humain...) et l'a été depuis sa création il y a 10 à 15 000 ans. L'agriculture dite 'conventionnelle' telle que nous la subissons depuis les 70 dernières années en a fait un champ de bataille décisif dans la guerre totale en cours contre le Vivant; un prolongement avec la consommation à outrance de l'effort de guerre mondiale. Ceci étant écrit, et pour amorcer la réponse à la question suivante, j'aimerais citer l'équation de 'facteurs générateurs de risques existentiels' proposée par Daniel Schmachtenberger. Cette équation a le mérite d'être simple une fois explicitée: nous définissons la compétition comme "je gagne quand tu perds" et les risques existentiels comme pouvant mener à la fin de l'existence de l'espèce humaine: (culture de compétition) x (technologie exponentiellement destructrice) = (risque existentiel) Ainsi, plus que le moyen agricole en lui-même, je critique la culture de compétition: l'agriculture tue parce que la culture dominante assassine. Nous avons accès aujourd'hui à tant de savoirs et à tant de sagesse qui, au travers d'une culture de l'entraide et de la régénération, nous permettraient d'utiliser le moyen agricole de manière régénérative. Inspirons-nous du Vivant et travaillons avec le Vivant et alors, l'agriculture pourra s'intégrer dans un mode de vie soutenable. Ces questions me passionent: j'ai passé les derniers mois volontaire chez un maraîcher sur sol vivant, la diversité y est remarquable; j'ai suivi un cours certifiant en permaculture... l'agriculture peut être régénérative. Malgré les récupérations contemporaines du mot 'permaculture' et l'essorage de son essence à grands coups de green washing, citons Bill Mollison: "la permaculture c'est la révolution déguisée en jardinage bio". -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Quel est votre point de vue sur les technologies industrielles « vertes » (éoliennes, panneaux solaires, etc.) et la technologie en général ? __________ Pour compléter l'équation précédente, je souhaite citer Jacques Ellul: "Ce n'est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique.". L'individu est aujourd'hui aliéné face à des outils qui deviennent des fins en eux-mêmes, hors des besoins effectifs de l'humain. Mon avis face à la technologie est qu'elle devrait rester un moyen, soumis à une éthique de choix, où nous décidons en connaissance des impacts de ladite technique et où nous sommes certains que les réponses aux questions 'pour quoi?' et 'pour qui?' sont intégralement satisfaisantes; sinon? on ne fait pas, c'est tout. Ensuite, pour répondre à la première partie de la question, j'ai récemment regardé le documentaire 'Planet of the humans' de Jeff Gibbs... J'étais déjà conscient de l'empreinte énergétique de nos sociétés (eg. nombre d'esclaves équivalents énergie), du lien direct entre technologies 'vertes' et extractivisme, de la gomette verte utilisée par le complexe politico-industriel pour repeindre au bullshit son image. Je suis reconnaissant du travail de Jeff Gibbs qui démontre clairement et puissamment la vacuité du solutionnisme technologique, 'vert' ou non, de 'transition' ou non. Je ne suis pas pour autant technophobe; soyons plus radical. Mon point de vue est que la meilleure énergie est celle que nous ne consommons pas; le sevrage énergétique me semble indispensable. -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Croyez-vous en l’importance de préconiser une résistance militante face à la civilisation industrielle, comme exprimé dans la Guerre Écologique Décisive de DGR ? __________ Depuis la lecture du livre DGR en anglais et la colère qu'il a échaudée en moi, certains chiffres me reviennent régulièrement à l'esprit: 200 espèces disaparaissent chaque jour, les 1% les plus riches possèdent effectivement plus que 6.9 milliards de personnes, 30 millions de d'esclaves sans compter les ateliers de misère, racisme, féminicides, ecocides, consommation... J'aime la question de Derrick Jensen: "Si votre pays était envahi par des aliens et que ces aliens abattaient les arbres, empoisonnaient l'eau et l'air, contaminaient votre nourriture, résisteriez-vous?". C'est une guerre, une guerre contre le vivant. Nous sommes en guerre et je choisis mon camp. La culture de résistance n'est pas seulement importante, elle est indispensable. -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Que savez-vous de la culture de sécurité, de la différence entre above et underground ? __________ Je sais que résister efficacement signifie être la cible de représailles de la part de l'ennemi. Ne rendons pas la tâche de représailles trop facile. Prévenons les coups. La culture de sécurité, avec son ensemble de pratiques et de comportements, ses lignes directrices, me semblent pertinente en tant que moyen primordial de défense. Je me suis imprimé le manuel 'Security Culture: a handbook for activists'. Je sais également que j'ai encore à apprendre. Aboveground: visible, non-violent, massif; underground: secret, potentiellement hors-leur-loi, potentiellement 'violent'. -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Motivation personnelle/quelques lignes sur vous : __________ Je m'appelle Mathieu, j'ai 32 ans. Je suis né à Paris et j'ai grandi dans la nature (Bourgogne) puis dans le béton (banlieue parisienne). Enfant, j'ai ressenti un lien profond avec mon environnement, adolescent avec mes amis, adulte avec la Vie. J'ai eu la chance de naître dans une famille pluriculturelle: je n'ai jamais compris les logiques de discrimination fondées sur la culture, les origines, la couleur de peau. J'ai eu la chance d'être élevé par ma mère: j'en ai voulu à l'homme dominant d'opprimer les femmes; plus tard j'ai su mettre un mot sur le monstre: patriarcat. J'ai eu la chance de connaître les saisons et l'odeur de la forêt mouillée avant de vivre dans les tours d'une banlieue aisée: quelle injustice terrible de déraciner les humains, quelle injustice terrible de vivre entassés à côté des villas. A côté de cela, j'ai coché les cases, comme un bon garçon, un bon élève: l'école, les études d'ingénieur, le lancement de carrière dans l'industrie... tout en essayant de ne pas trop écouter l'acouphène que certains appellent dissonance cognitive; comme j'ai le sentiment que nous sommes trop nombreux à considérer normal de vivre malades... Je m'engage dans des discussions passionnées sur l'injustice sociale et la destruction environnementale - sans faire suivre l'action, je me spécialise en ingénierie environnementale - pour finir consultant pour l'industrie. Je continue à lire beaucoup, discuter tout autant, comprendre que la crise est systémique et la réponse nécessairement radicale et me voilà arrivé devant les cases carrière, gros prêt à la banque et gros chien dans la berline à côté des sièges enfant, et j'ai dit non! pour contrer mon cynisme de survie, j'ai préféré m'évader: il y a deux ans, avec ma compagne de l'époque, nous avons décidé d'embrasser notre monde et de rencontrer des gens positifs qui, jour après jour, agissent pour un meilleur maintenant et un meilleur ici. Après un an, de retour en Europe, il m'a fallu du temps pour atterrir et prendre enfin la décision : je ne veux pas seulement penser et parler d'autonomie, de résilience, de reconnexion, de régénération et de fédération, je veux être, partager et agir. Ainsi, je me suis retiré de l'industrie et je suis disponible pour résister et suivre ces valeurs qui me tiennent à coeur: autonomie, résilience, (re)connexion, régénération, fédération. Je suis en quête, une quête humble d'humain et d'humus. Pour avancer dans cette quête, je souhaite rencontrer l'autre, je souhaite rejoindre des projets et les accompagner volontairement, jusqu'à rencontrer les terres et les individus avec qui m'enraciner. -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Temps disponible pour DGR (en heures/semaine) : __________ Comme indiqué plus haut: je suis disponible. Je n'ai pas de quota fixes d'heures à donner; cela dépendra des projets de DGR et de mes activités du moment. Je suis flexible. Cela pourrait être 4h/semaine et quand nécessaire 40h/semaine. Commençons par 4h/semaine; qu'en dites-vous? -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Faites-vous partie ou avez-vous fait partie d'autres organisations écologistes ? Si oui, lesquelles ? __________ Comme indiqué plus haut, j'ai coché des cases et il en a été de même avec le militantisme. D'abord un peu de citoyennisme avec des pétitions, quelques manifs puis la cotisation à l'association des Colibris, puis organisation de marche pour le climat... Cependant, je n'ai pas encore été partie active d'organisations écologistes. -_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_ Indiquez les connaissances et savoirs-faires pouvant être utiles à DGR (informatiques, artistiques, professionnelles, pratiques, etc.) : __________ Informatiques: j'ai des connaissances de bureautique de base. Mon travail pour l'industrie m'a mené à travailler sur de nombreux projets de documentation et de formation technique; je peux rédiger de la documentation en XML et concevoir des solutions de gestion de contenu. Quels sont vos besoins? Artisitiques: je travaille actuellement avec le collectif Carpe d'Yème sur un spectacle 'Demain ta planète' pour inviter nos jeunes soeurs et frères (de 6 à 11 ans) à répondre à la crise écologique. J'ai participé à l'écriture, j'y suis comédien et je chante (avec mon ukulélé). Professionnelles: les derniers postes que j'ai occupé furent des postes de gestion d'équipe et de projets internationaux; discutons-en si cela vous semble pertinent. Pratiques: comme indiqué plus haut, j'ai été volontaire sur plusieurs projets d'autonomie, ce qui m'a mené à développer des savoir-faires pratiques en maraîchage, écoconstruction (eg. earthships), bricolage (eg. aménagement de mon fourgon). Humaines: avant une carrière 'sérieuse', j'étais animateur en centre de vacances. Le relationnel me passionait, la puissance du jeu pour avancer des objectifs pédagogiques me fascinait. Plus tard, dans les contextes tant professionnels que non-professionnels, j'ai reconnu l'importance capitale du Facteur Humain : pire problème et meilleure solution. Je m'efforce d'avoir une communication humaine efficace, sensible et respectueuse. Aller plus loin:
1 Comment
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3/30/2021 01:55:54 pm
Ça commence quand même avec une hiérarchisation du radicalisme idéologique qui fleur bon le beau jugement de valeur.
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